jeu 18/06/2020 - 10:51

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, exhorte ce jour tous les pays à travers le monde à faire davantage pour offrir un foyer aux millions de réfugiés et autres personnes déracinées par les conflits, la persécution ou tout autre événement bouleversant l'ordre public. Comme le montre le rapport statistique publié ce jour, les déplacements forcés concernent aujourd'hui plus de 1% de l'humanité - soit une personne sur 97 - celles qui fuient étant de moins en moins nombreuses à pouvoir rentrer dans leur pays d’origine. Le HCR n'a jamais constaté de chiffre plus important que celui-ci.

Le rapport signale en outre que les perspectives d'une issue rapide aux souffrances des réfugiés s'amenuisent toujours davantage. Dans les années 1990, 1,5 million de réfugiés en moyenne pouvaient rentrer dans leur pays d'origine chaque année. Au cours de la dernière décennie, ce chiffre est passé à environ 385 000, attestant d’une croissance des déplacements très supérieure aux solutions.

« Nous assistons à un changement de réalité où les déplacements forcés sont à la fois beaucoup plus fréquents, et où le phénomène n'est plus à court-terme et transitoire », déclare le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. « On ne peut attendre des gens qu'ils vivent dans la tourmente pendant des années, sans possibilité de rentrer chez eux ou de se bâtir un avenir là où ils se trouvent. Nous devons adopter une attitude fondamentalement novatrice et davantage accueillante à l'égard de ceux qui fuient, conjuguée à un effort résolu pour mettre fin aux conflits qui perdurent depuis des années et sont à l'origine même de ces intenses souffrances. »

Le rapport statistique du HCR Tendances mondiales montre que 45,7 des 79,5 millions de personnes déracinées à la fin 2019 avaient fui vers d'autres régions de leur pays. Les autres sont partis à l’étranger, dont 4,2 millions étaient en attente de réponse à leur demande d'asile, tandis que 29,6 millions étaient des réfugiés ou comptaient parmi d’autres populations déracinées hors de leur pays.

L'augmentation annuelle du nombre de personnes déracinées qui représentait 70,8 millions à la fin 2018, tient principalement à deux facteurs. Le premier réside dans de nouvelles vagues préoccupantes de déplacements en 2019, notamment en République démocratique du Congo, dans le Sahel, au Yémen et en Syrie – qui vit actuellement sa dixième année de conflit et représente à elle seule 13,2 millions de réfugiés, demandeurs d'asile et de déplacés internes, soit un sixième du total mondial.

Le deuxième facteur concerne la situation des Vénézuéliens hors de leur pays, dont beaucoup ne sont pas légalement enregistrés en tant que réfugiés ou demandeurs d'asile alors même qu'ils devraient faire l'objet de dispositions visant à assurer leur protection.

Ces chiffres masquent tous une multitude de crises individuelles et personnelles. Ainsi, le nombre d’enfants (estimé à un chiffre situé entre 30 et 34 millions, dont des dizaines de milliers d’enfants non accompagnés) qui comptent parmi les personnes déracinées correspond au total cumulé des populations de l'Australie, du Danemark et de la Mongolie. Parallèlement, la proportion de personnes déracinées âgées de 60 ans ou plus (4%) est très inférieure à celle de la population mondiale (12%), témoignant d'inimaginables déchirements, de désespoir, de sacrifices et d'arrachements à leurs proches.

8 points à retenir au sujet des déplacements forcés

  • Au moins 100 millions de personnes ont été forcées de fuir leur foyer durant les 10 dernières années pour trouver refuge dans leur pays ou à l'étranger. Autrement dit, il y a davantage de personnes déracinées que l'entière population de l'Égypte, le quatorzième pays le plus peuplé au monde.
  • Les déplacements forcés ont presque doublé depuis 2010 (41 millions contre 79,5 millions aujourd'hui).
  • 80% des personnes déracinées à travers le monde se trouvent dans des pays ou des territoires affectés par l'insécurité alimentaire et la malnutrition aiguë, dont de nombreux pays confrontés aux risques climatiques et aux catastrophes naturelles.
  • Plus des trois quarts des réfugiés à travers le monde (77%) sont pris au piège dans des situations de déplacement prolongées, par exemple pour la crise des réfugiés afghans qui est entrée dans sa cinquième décennie.
  • Plus de huit réfugiés sur 10 (85%) vivent dans des pays en développement, généralement voisins du pays qu'ils ont fui.
  • Les deux tiers des personnes qui ont fui au-delà des frontières de leur pays sont originaires des cinq pays suivants : la Syrie, le Venezuela, l'Afghanistan, le Soudan du Sud et le Myanmar.
  • Le rapport statistique du HCR Tendances mondiales répertorie les plus importantes populations de déplacés et de réfugiés, y compris les 5,6 millions de réfugiés palestiniens relevant de la compétence de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine.
  • L'engagement de développement durable pour 2030, à savoir « ne laisser personne de côté », inclut aujourd'hui explicitement les réfugiés avec l'adoption d'un nouvel indicateur sur les réfugiés approuvé par la Commission statistique des Nations Unies en mars dernier.