ven 07/10/2022 - 09:30

 

En 2022, le nombre de personnes déplacées a considérablement augmenté, principalement en raison du conflit en Ukraine. Heureusement, les personnes originaires d'Ukraine ont reçu un soutien sans précédent et ont été accueillies chaleureusement dans toute l'Europe. Cependant, toutes les personnes contraintes de fuir ne reçoivent pas le même soutien et la même solidarité, alors qu'elles devraient toutes bénéficier d'un accès égal à la sécurité et à la protection, à la possibilité de travailler, d'étudier et de voyager.   

Le rapport du Sous-financement 2022 se penche sur 12 pays qui font partie des opérations les plus importantes du HCR et où des décisions difficiles de priorité ont déjà été prises. Alors que dans certains pays, les communautés déplacées sont sur le point d'être confrontées à une interruption de l'approvisionnement alimentaire, dans d'autres, un financement supplémentaire permettrait de réduire leur dépendance vis-à-vis du HCR à l'avenir.  

À travers une série de trois articles, nous allons nous intéresser de plus près aux pays qui préoccupent le plus le HCR en raison de leur grave sous-financement, en commençant par les situations au Bangladesh, au Tchad, en Colombie et en République démocratique du Congo. Ces pays sont peut-être sous-financés, mais ils ne seront pas oubliés.  

 

1. Bangladesh - 936'700 personnes déplacées de force et apatrides   

2022 marque la cinquième année depuis que plus de 700'000 rohingyas ont fui le Myanmar pour le Bangladesh, rejoignant les centaines de milliers de personnes qui s'y trouvent déjà. Les 936'700 réfugiés rohingyas vivent à Cox bazar, l'un des districts les plus pauvres du pays, qui abrite le plus grand camp de réfugiés au monde. Des niveaux élevés d'inflation, une dépréciation de la monnaie locale et des hausses de prix pour les produits de base ont été enregistrés, ce qui ne fait qu'aggraver les vulnérabilités existantes parmi les personnes déjà exposées. En attendant que les réfugiés rohingyas puissent retourner en toute sécurité au Myanmar, des fonds sont encore nécessaires pour l'éducation, le développement des compétences et les moyens de subsistance. Cela permettrait aux réfugiés d'être plus résilients, de contribuer à un camp plus sûr et de conserver leur dignité et un sens à leur vie. Sur les 280 millions de francs suisses nécessaires pour répondre à la crise, seuls 42% sont disponibles à ce jour. 

Domaines opérationnels à risque :

Santé, Logement durable et besoins de base, Eau potable, installations sanitaires et hygiène.  

2. Tchad - 1,1 million de personnes déplacées de force et apatrides   

L'un des pays les plus pauvres du monde, le Tchad abrite plus d'un million de personnes déplacées de force et est fortement touché par des crises humanitaires, politiques et socio-économiques. Le conflit en Ukraine a contribué aux fluctuations économiques et à la forte hausse des coûts du carburant, aggravant les conditions déjà effroyables dans ce pays enclavé. Les populations ont été poussées au bord du gouffre : on estime que 1,3 million d'enfants risquent de souffrir de malnutrition sévère et que 2,1 millions de personnes pourraient connaître une insécurité alimentaire grave. Le Tchad accueille environ 568'919 réfugiés et environ 381'289 Tchadiens sont déplacés à l'intérieur du pays, principalement dans la province du lac Tchad. La grande échelle et la nature à long terme des déplacements ont mis à rude épreuve les services, les ressources naturelles et la cohésion sociale. Sur les 157 millions de francs suisses nécessaires pour répondre à la crise, seuls 36% sont disponibles à ce jour. 

Domaines opérationnels à risque:

Eau potable, installations sanitaires et hygiène, Education,  bien-être et besoins fondamentaux tels que l'argent liquide,  Articles de première nécessité et l'aide alimentaire.

 

3. Colombie - 9,1 millions de personnes déplacées de force et apatrides   

La Colombie est le pays le plus touché par la situation au Venezuela. Elle accueille plus de 2,4 millions de vénézuéliens qui ont cherché refuge hors de leur pays. Les réfugiés et les migrants vénézuéliens peuvent à peine couvrir leurs besoins de base en raison de l'inflation la plus élevée depuis 20 ans. Le financement permettrait de fournir une aide en espèces et d'assurer la sécurité alimentaire, le soutien aux moyens de subsistance, les soins de santé et d'autres services vitaux. Sur les 120 millions de francs suisses nécessaires pour répondre à la crise, seuls 41% sont disponibles à ce jour.

Domaines opérationnels à risque:  

Bien-être et besoins de base, Détermination du statut, Accès à l'enregistrement et à la documentation sur le territoire.

4. République démocratique du Congo - 6,1 millions de personnes déplacées de force et apatrides  

La RDC accueille 520'000 réfugiés et demandeurs d'asile et compte 5,6 millions de déplacés internes, ce qui en fait l'une des crises humanitaires les plus complexes au monde. Environ 76% de la population vit dans la pauvreté et 27 millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire. De plus, en avril 2022, une nouvelle flambée de violence a commencé et plus de 200'000 personnes ont été contraintes de fuir leur foyer. Compte tenu de cette crise de longue haleine, la réponse humanitaire est gravement sous-financée. Un financement supplémentaire aiderait les réfugiés à l'intérieur du pays ainsi que les réfugiés congolais à l'extérieur du pays à retourner dans leur lieu d'origine.  

Domaines opérationnels à risque:

Autonomisation des communautés et engagement des femmes, Logement et établissements durables. Sur les 221 millions de francs suisses nécessaires pour répondre à la crise, seuls 33% sont disponibles à ce jour.