mar 13/10/2020 - 11:20
Lorsque des milliers de personnes ont fui en pirogue pour se réfugier en République centrafricaine plus tôt cette année, elles sont arrivées dans un petit village où les habitants n’avaient pas grand-chose à leur offrir.

Pourtant, ces derniers ont ouvert leur cœur et leur maison aux nouveaux arrivants désespérés de la République démocratique du Congo (RDC).

« Je ne pouvais pas supporter de voir des enfants et leur mère dormir dans la rue, encore moins pendant la saison des pluies », a déclaré Rachel, 39 ans, une mère célibataire du village de Toko Kota qui a accueilli dix femmes et enfants chez elle.

« Nous avons tous faim. Trouver de la nourriture est un vrai problème ici et nous buvons l’eau de la rivière. Nous n’avons pas grand-chose, mais nous sommes toujours accueillants », dit-elle.

Au total, plus de 3000 réfugiés congolais ont fui fin mai une attaque contre la ville de Buda, dans la province du Nord-Ubangui en RDC, pour se rendre à Toko Kota, un village situé sur la rivière Ubangui dans le sud de la République centrafricaine. La moitié d’entre eux sont des enfants et 30% sont des femmes.

« Nous avons tous faim… mais nous sommes toujours accueillants. »

Ils sont victimes de la violence dans une région qui ne suscite guère d’attention de la part de la communauté internationale. La République centrafricaine accueille un peu plus de 10 000 réfugiés, dont la moitié a fui la RDC. Le pays compte environ 641 000 personnes déplacées internes, tandis que 619 000 autres ont fui la République centrafricaine vers les pays voisins.

Pour aider à répondre aux besoins essentiels à Toko Kota, le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a distribué une aide d’urgence avec 1000 kits contenant des bâches en plastique pour construire des abris, des moustiquaires, des matelas, des couvertures, des ustensiles de cuisine, des jerricans et des seaux. Le HCR a également distribué des stations de lavage des mains et du savon, qui sont essentiels pour lutter contre la pandémie de Covid-19. 

Il a fallu deux jours au convoi du HCR pour parcourir les 500 kilomètres qui séparent Bangui, la capitale, du village en empruntant des routes boueuses et des ponts branlants, et à travers un territoire contrôlé par des groupes armés. Le convoi a également emprunté un ferry vétuste pour traverser une rivière.

« Le HCR travaille en étroite collaboration avec les autorités de la République centrafricaine pour s’assurer que les réfugiés sont enregistrés et reçoivent une aide d’urgence. En période de pandémie de Covid-19, il est important de soutenir les réfugiés et leurs hôtes », a déclaré Hamdi Bukhari, le représentant du HCR en République centrafricaine.

Le HCR n’a reçu cette année que la moitié du montant de 47,5 millions de dollars dont il a besoin pour son opération en République centrafricaine, qui est donc gravement sous-financée.

« Nous avons entendu des coups de feu et des cris de terreur. »

Les habitants de Buda sont arrivés avec presque rien car ils ont fui l’attaque du 23 mai en utilisant leurs pirogues pour traverser une rivière qui borde les deux pays.

« Tout est allé très vite », raconte Nadège, 37 ans, qui a fui en pirogue avec ses deux enfants. « Nous avons entendu des coups de feu et des cris de terreur. Je suis sortie de la maison et j’ai vu des hommes armés entrer dans notre village. »

La traversée de la rivière s’est avérée périlleuse dans l’obscurité. Plusieurs enfants se seraient noyés et certaines familles auraient été séparées. Nadège a perdu le contact avec son mari.

Pour survivre, les réfugiés ont continué à pêcher, à travailler dans les champs avec leurs hôtes ou sont retournés chaque jour à Buda pour cultiver la terre. Mais ils ont souffert, notamment du fait de l’absence de soins de santé. Un enfant de trois ans est mort par manque de soins peu après son arrivée à Toko Kota. En outre, il n’y a pas d’école.

Le HCR a distribué des outils essentiels pour le travail de la terre et pour soutenir la culture de nourriture pour l’autosuffisance, comme des houes, des pioches ou des pelles, mais les besoins demeurent importants. Selon les réfugiés, la situation de sécurité dégradée ne leur permet pas de rentrer chez eux.

« Il est important de fournir une assistance à ces réfugiés », a déclaré Thierry Maximim Dogba, maire adjoint de la ville voisine de Kouango. « Leurs besoins sont importants et nos moyens sont modestes. Nous lançons un appel à la solidarité, pour que les gens viennent à leur secours. »