Il y a un mois, la crise syrienne est entrée dans sa 13e année. La situation sur le terrain est toujours aussi tragique qu'il y a quelques années, et les personnes forcées de fuir - plus de 10 millions de déplacés internes et de réfugiés dans les pays voisins - continuent de vivre dans des conditions difficiles. Il est toutefois important de se rappeler qu'avant d'être des réfugiés, des personnes déplacées à l'intérieur de leur pays ou simplement des personnes touchées par la guerre, chaque personne avait une occupation, un désir de contribuer à la société et un large éventail de compétences. Hussien Ahmad, qui est né et a grandi en Syrie, en est un bon exemple. Il travaille aujourd'hui au siège du HCR, après avoir travaillé sur le terrain en Syrie, en Libye et au Bangladesh, et nous avons profité de l'occasion pour lui poser quelques questions.
Vous avez rejoint le HCR dans un contexte spécifique, mais vous avez depuis travaillé dans de nombreux endroits à travers le monde. Que signifie ce travail pour vous ?
En effet ! J'ai rejoint le HCR en Syrie en 2016 pendant la crise syrienne, ce qui a été un moment très particulier dans ma vie. Plus tard, en 2019, j'ai déménagé à Tunis pour servir l'opération en Libye, puis, en 2020, j'ai déménagé au Bangladesh où j'ai servi pendant deux ans pour soutenir la réponse aux Rohingyas.
Je suis actuellement à Genève depuis un an et demi. Ce travail m'a placé dans des situations différentes et très diverses, mais toujours en contact avec des personnes ayant besoin d'une aide humanitaire. Cela m'a permis de ressentir la situation que j'ai moi-même vécue en Syrie, de m'y référer et d'y réfléchir, et c'est pourquoi je donne tout ce que j'ai pour soulager ces personnes confrontées à d'immenses difficultés.
Grâce à ce travail, j'ai appris à quel point il est important pour nous, en tant qu'êtres humains, d'être proches les uns des autres, de ressentir la souffrance des autres et d'être présents et disponibles pour les uns et les autres en cas de besoin.
J'ai vu comment de petites choses peuvent collectivement faire une énorme différence pour soulager ce que les gens traversent. D'un autre côté, j'ai aussi appris à quel point il peut être triste d'obtenir un sourire, un soulagement ou une énergie qui ne dure que quelques instants et que, malheureusement, les gens doivent souffrir à nouveau.
Pour moi, notre rôle en tant que travailleurs humanitaires est essentiel et va au-delà de l'action immédiate que nous devons mener en réponse à une urgence ou à une crise. Notre rôle est d'assister, de soutenir et d'aider à trouver des solutions qui créent un changement réel et significatif dans la vie des personnes qui sont dans le besoin, et il y en a beaucoup dans le monde. C'est une énorme responsabilité, mais elle est accueillie avec enthousiasme et assumée avec fierté.
Cela fait maintenant un peu plus de 12 ans que la crise en Syrie perdure. Quel était votre point de vue sur le conflit lorsqu'il a commencé, et comment a-t-il évolué ?
Il y a 12 ans, je me suis réveillé et j'ai vu la patrie où j'étais né et où j'avais grandi entrer dans une crise, une guerre, une... quel que soit le nom qu'on lui donne. Au début, ce fut un choc énorme ! Je me suis dit que ce n'était pas possible. Chaque jour, j'espérais que tout s'arrêterait le lendemain matin et que les Syriens retrouveraient une vie normale. Malheureusement, cela n'a pas été le cas. La crise est entrée dans sa 13e année. Le pays et sa population ont dû faire face à beaucoup de choses. Les Syriens ont énormément souffert. Récemment, le tremblement de terre a ajouté un nouveau chapitre à la tragédie syrienne.
Personnellement, après avoir vécu la crise syrienne et travaillé avec le HCR dans différents contextes, je réalise de plus en plus que le point commun de toutes les crises est la souffrance humaine. Qui qu'ils soient, où qu'ils soient, et quelle que soit la cause de la crise. La perte d'êtres chers, d'un foyer, de ressources, d'opportunités et d'espoir.
Si vous pouviez envoyer un message à la population suisse sur la situation en Syrie, que lui diriez-vous ?
Depuis des milliers d'années, la Syrie et les Syriens ont contribué à la civilisation humaine, laissant de grandes impressions partout où ils sont allés.
Les Syriens sont forts, résistants, compétents et bien éduqués. Cependant, plus la crise se prolonge, moins nous résistons.
Nous devons reconstruire notre pays, nous devons créer un avenir radieux pour nos enfants, nous devons avoir accès aux ressources et aux opportunités. Nous ne devons pas être stigmatisés.
Si j'ai une demande à faire au peuple suisse, c'est de soutenir les Syriens à l'intérieur et à l'extérieur du pays pour reconstruire notre avenir.
Images: Grand amateur de défis sportifs, Hussien porte fièrement le drapeau du HCR après chaque fin de course et de défi relevé.
Pour en savoir plus sur la situation actuelle en Syrie, lisez cette mise à jour sur les défis actuels, 12 ans après le début de la crise.
Pour soutenir les personnes contraintes de fuir en Syrie et dans les pays voisins, vous pouvez faire un don qui permettra d'apporter une aide essentielle aux plus vulnérables, ou partager cet article pour sensibiliser votre entourage. N'oubliez pas de vous abonner à notre newsletter pour recevoir les dernières informations et histoires !