La COP26, le sommet international sur le climat, s’est terminée en fin de semaine dernière sur un accord de « compromis » sur le climat, pas suffisant selon le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres. Or, le réchauffement climatique risque d’augmenter le nombre de personnes qui devront abandonner leur foyer en raison notamment de la hausse prévue du niveau des mers, et la fréquence de phénomènes naturels extrêmes. Cette situation impacte déjà aujourd’hui le travail du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
« La crise climatique est une crise humaine. Elle sévit partout et maintenant et a des conséquences pour tout le monde. »
Andrew Harper, conseiller spécial du HCR pour l’action climatique.
Le terme « réfugié climatique » est aujourd’hui de plus en plus utilisé, bien qu’il n’existe pour l’instant aucune définition et inscription légale en droit international pour ce terme, Être « réfugié climatique » désigne l’impossibilité pour certaines personnes de rester chez elles à cause de la détérioration des conditions environnementales. Face à cette tendance grandissante, il y a néanmoins une autre facette au problème, tout aussi inquiétante : l’effet du réchauffement climatique sur les personnes déplacées.
Près de 84% des personnes déplacées dans le monde aujourd’hui vivent dans des zones fortement touchées par le réchauffement climatique. La région du Sahel, le Soudan du Sud, le Bangladesh ou l’Afghanistan n’en sont que quelques exemples. Depuis des années déjà, l’effet du changement climatique se fait ainsi sentir de manière disproportionnée par une partie déjà très vulnérable de la population mondiale.
Dans beaucoup de cas, la situation des personnes forcée de fuir est exacerbée par le changement climatique ; il intensifie les menaces en matière de sûreté, de sécurité et de dignité des personnes. Il aggrave la pauvreté et compromet l’accès durable à la nourriture, à l’eau et aux moyens de subsistance. Alors que l’on recense aujourd’hui plus de 84 millions de personnes forcées de fuir dans le monde, les effets du changement climatique risquent de pousser encore plus de personnes à devoir fuir de chez elles.
Il faut donc se rendre à l’évidence : il n’est pas possible aujourd’hui de séparer le phénomène des déplacements forcés à travers le monde, et celui du changement climatique, ce dernier étant une variable fondamentale dans les déplacements forcés. Cette liaison étroite entre ces deux problématiques oblige une approche différente. Le HCR a ainsi repensé de fond en comble sa manière de travailler en réduisant d’un côté au maximum l’empreinte carbone de ses activités au cours des dernières décennies, et en renforçant la résilience des personnes déplacées et la durabilité des solutions que l’organisation met en place.
Mais pour être efficace, l’effort contre le réchauffement climatique doit être collectif. Le HCR appelle ainsi les gouvernements à ne pas ignorer la crise environnementale et ses effets sur les déplacements forcés, et à prendre des mesures concrètes pour anticiper et contrecarrer les déplacements liés à celle-ci. En attendant trop longtemps avant de répondre à cette crise, le coût humain et financier sera bien plus élevé.
Andrew Harper, conseiller spécial du HCR pour l’action climatique, a exprimé son regret lors de la COP26 que celle-ci n’ait pas défini d’actions tangibles pour concrétiser les engagements pris, et a appelé les dirigeants mondiaux à en faire plus :
« Les dirigeants de la planète doivent redoubler d’efforts pour renforcer les moyens de défense de ceux qui sont le plus durement touchés par la crise climatique. Il faudra pour cela soutenir financièrement, technologiquement et en termes de compétences ceux qui travaillent déjà sur le terrain pour fortifier et protéger leurs communautés. »