ven 16/06/2023 - 11:00

Le 14 juin, le HCR a publié le rapport 2022 sur les tendances mondiales, une publication importante qui résume la situation des déplacements forcés dans le monde. Alors que le nombre de personnes contraintes de fuir leur foyer en raison de conflits, de violences et de persécutions ne cesse d'augmenter, nous vous proposons un bref aperçu des chiffres clés du déplacement en 2022.

La plus forte augmentation des déplacements forcés

L'année 2022 a été marquée par la plus forte augmentation (21 %) du nombre de personnes contraintes de fuir en une seule année, selon les statistiques du HCR - 19 millions de personnes de plus qu'à la fin de l'année 2021, soit plus que la population totale des Pays-Bas, de la Somalie ou de l'Équateur. Cette augmentation des chiffres permet de dresser un sombre bilan : plus d'une personne sur 74 dans le monde a été forcée de fuir. Les besoins croissants d'aide sont exacerbés par le fait que près de 90 % des personnes contraintes de fuir vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, qui sont souvent eux-mêmes confrontés à des problèmes intérieurs. Cela fait maintenant plus de dix ans que le nombre de personnes contraintes de fuir augmente, année après année. Il est difficile d'imaginer qu'au début de ce siècle, le nombre de personnes déplacées de force était inférieur à 40 millions.

Dans le village de Warah, Mavis Khan, âgé de 95 ans, attend son tour pour recevevoir de l'aide. © UNHCR/Chinar Media
Dans le village de Warah, Mavis Khan, âgé de 95 ans, attend son tour pour recevevoir de l'aide. © UNHCR/Chinar Media

Une année de crises 

Alors que des crises prolongées comme celles de la République démocratique du Congo, du Venezuela ou du Sahel continuent de forcer les gens à fuir, de nouveaux conflits sont apparus et ont poussé des millions de personnes à fuir leur foyer. En Ukraine, environ 15 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer en raison du conflit qui a éclaté en février 2022, dans ce qui est devenu la plus grande situation de déplacement forcé depuis la Seconde Guerre mondiale. La nouvelle crise en Afghanistan ainsi que le récent conflit qui a éclaté au Soudan ont également largement contribué à cette forte augmentation des déplacements forcés. En outre, les effets du changement climatique aggravent l'impact de la violence, de la persécution et des conflits et sont susceptibles de devenir un facteur de plus en plus important à mesure que la sécheresse, les inondations et la pénurie de ressources poussent de plus en plus de personnes à quitter leur foyer.

La vie dans un camp de personnes déplacées. Une femme prépare de la nourriture pour ses cochons. © UNHCR/Dumhpau Hkunring
La vie dans un camp de personnes déplacées. Une femme prépare de la nourriture pour ses cochons. © UNHCR/Dumhpau Hkunring

Réfugiés, personnes déplacées et apatrides 

Sur les 108,5 millions de personnes contraintes de fuir, plus de la moitié (62,5 millions) sont des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, c'est-à-dire des personnes qui ont été forcées de quitter leur foyer mais qui n'ont pas franchi de frontière internationale. 35,3 millions de personnes sont des réfugiés, soit un tiers de plus qu'à la fin de 2021. Plus des deux tiers d'entre eux sont originaires de quatre pays seulement : Syrie, Ukraine, Afghanistan et Venezuela. Plus des deux tiers des réfugiés vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire et ont besoin d'aide pour continuer à vivre dans la dignité. Les apatrides, les demandeurs d'asile et les autres personnes relevant de la compétence du HCR constituent les 10 millions de personnes restantes qui ont besoin d'une protection internationale.

Katerina (40 ans), réfugiée d'Ukraine, tenant son fils Arsen (2 ans). © UNHCR/Anna Liminowicz
Katerina (40 ans), réfugiée d'Ukraine, tenant son fils Arsen (2 ans). © UNHCR/Anna Liminowicz

Retours et réinstallation en 2022 

En 2022, 339'000 réfugiés ont pu rentrer volontairement chez eux, la plupart d'entre eux de l'Ouganda vers le Sud-Soudan. On estime que 5,7 personnes déplacées à l'intérieur du pays ont également pu rentrer chez elles en toute sécurité, soit 8 % de plus que l'année précédente. 114'300 personnes ont également été réinstallées dans un pays tiers, soit deux fois plus qu'en 2021, où la réinstallation avait été fortement affectée par les restrictions liées à la pandémie de COVID-19. Des évolutions positives existent, mais elles sont éclipsées par la situation mondiale des déplacements forcés, qui se détériore globalement. 

Les perspectives pour 2023 d'apporter un changement dans les tendances des déplacements forcés sont malheureusement maigres. Les crises prolongées ne trouvent aucune solution politique permettant aux populations de rentrer chez elles en toute sécurité, et les nouvelles crises, comme les tremblements de terre qui ont frappé la Syrie et la Türkiye et le conflit qui a éclaté au Soudan en avril 2023, déplaçant déjà plus de 2 millions de personnes, continuent de pousser de plus en plus de personnes à fuir pour sauver leur vie. Les besoins sont, une fois de plus, immenses, et chacun d'entre nous peut faire partie de la solution - quelle que soit l'échelle.

Lisez le Rapport Global trends 2022 en entier