Le 8 mai 2022, la deuxième édition du parlement suisse des réfugiés a eu lieu à Berne. Le but de cet événement ? Donner une plateforme aux réfugiés pour qu'ils puissent débattre et attirer l'attention sur certains sujets qu'ils connaissent de près par leur propre expérience. Nous avons rencontré Anja Klug, cheffe de bureau du HCR pour la Suisse et le Liechtenstein, pour qu'elle nous en dise plus.
Le parlement des réfugiés en Suisse est une institution des réfugiés eux-mêmes pour développer des recommandations pour la politique suisse.
C’est très important que les réfugiés ont décidé de s’engager sur les questions qui les concernent. Souvent, les réfugiés ne sont pas admis autour de la table. S’organiser de cette manière, se mettre ensemble permet d’avoir une voix plus forte et qui peut être entendue par les politiciens. C’est également tout un processus qui est important. Les réfugiés ont vraiment discuté de beaucoup de thèmes, fait une liste des priorités et une priorisation. Ils ont suivi un processus démocratique pour identifier les thèmes les plus importants et pour développer des recommandations qui ne sont pas trop larges. C’est donc aussi un bon exercice de culture démocratique et civique.
Les participants sont tous des réfugiés, et c’est certainement une initiative qui permet de donner des recommandations, de commencer un dialogue avec des parlementaires et aussi des autorités suisses. Je trouve que c’est une très bonne idée. Après la première édition du parlement, nous avons déjà vu les participants se rencontrer avec les parlementaires suisses pour présenter leurs recommandations. Il y a donc tout un processus de suivi après-coup, qui montre la valeur ajoutée de cet événement.
Alors il y a tout un tas de thèmes qui sont importants pour eux. Comme par exemple était l’admission provisoire, qui les concerne de près. Ils ont notamment attiré l’attention sur la précarité de ce statut et aussi les limitations des droits rattachés à ce dernier. Je trouve que c’est très important que leur voix se rajoute à celles du HCR et des ONG qui ont déjà attiré l’attention là-dessus pendant des années. Leur voix permet de mettre en évidence des exemples concrets de leurs vies et comment il est difficile d’avoir ce statut, d’avoir cette admission provisoire.
Alors le fait que ce parlement a lieu donne déjà une certaine visibilité, des articles sont parus à ce sujet après-coup, comme des apparitions à la télévision. Le HCR ensemble avec d’autres acteurs, ont soutenu les réfugiés et ont également essayé de rendre les médias attentifs à cet événement et de montrer l’importance d’avoir un processus comme celui-ci.
J’ai trouvé déjà la première édition très bien organisée et préparée. Les participants étaient très disciplinés et les recommandations bien formulées. La deuxième édition était encore meilleure, on a vu comment le groupe a gagné en expérience et aussi comment ils ont su apprendre de leurs contacts avec les parlementaires. L’idéal maintenant serait d’avoir un suivi sur les recommandations et d’avoir une session du parlement chaque année. Ce n’est pas facile parce que l’organisation derrière cet événement n’a pas beaucoup de ressources. Nous avons fourni un petit soutien financier à l’événement, mais cette question risque d’être une difficulté et j’espère qu’ils auront les moyens suffisants parce que ce processus fait beaucoup de sens, et peut s’établir en une institution prise au sérieux au niveau politique s’il a lieu chaque année.
Il ne s’agit pas de retours à proprement parler, parce que ce n’était pas un événement que nous avons organisé. J’ai été invitée et étais très contente de pouvoir assister en partie à ceci. J’ai parlé avec certains des réfugiés qui ont participé et ils étaient très contents d’avoir la possibilité d’organiser ce parlement pour la deuxième fois parce que ce n’était pas clair au début s’il s’agissait juste d’un événement ponctuel ou si c’était quelque chose qui allait être répété.