Le 20 juin marque la journée mondiale du réfugié, une journée qui vise à honorer les millions de réfugiés, déplacés internes et apatrides autour du monde. Cette journée met à l’honneur la force et le courage des personnes qui ont été contraintes de fuir leur pays d’origine pour échapper à un conflit ou à la persécution. C’est également autour de cette date que chaque année le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, publie le Rapport annuel des Tendances mondiales.
Depuis plusieurs années, l’augmentation exponentielle et continue des tendances mondiales en matière de déplacement forcés ternit cette journée de célébration, et illustre une fois de plus la gravité de la situation.
Commentant cette hausse de près de 3 millions de personnes déplacées par rapport à l’année précédente, Filippo Grandi, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a mis en avant la gravité du chiffre aussi en vue de la situation exceptionnelle vécue en 2020:
Je pense que c'est très significatif car nous parlons de 2020. Nous parlons de l'année COVID-19, l'année où nous n'avons pas bougé, où nous avons été confinés, enfermés. Et pourtant, malgré cela, il y a trois millions de personnes de plus qui ont été obligées de fuir à cause de la guerre, à cause de la discrimination, à cause de la persécution et d'autres formes de violence.
Ces déplacements forcés, en hausse continue depuis maintenant neuf ans, représentent souvent un défi pour les pays qui accueillent les réfugiés. En effet, 73% des réfugiés vivent aujourd’hui dans les pays avoisinants celui qu’ils ont fui. Par exemple, la Turquie est aujourd’hui le pays qui en accueille le plus grand nombre avec un total 3,7 millions de réfugiés présents sur son territoire, dont la grande majorité a fui la guerre en Syrie.
En Jordanie, 1 personne sur 15 est réfugiée, et au Liban ce rapport s’élève à 1 sur 8. Cette forte proportion de réfugiés dans ces deux pays témoigne des ravages causés par le conflit en Syrie : les perspectives de retour pour des millions de réfugiés syriens font encore défaut, même 10 ans après le début du conflit. Sur les îles de Curaçao et d’Aruba, ce sont respectivement 1 personne sur 10, et 1 personne sur 6 qui sont réfugiées, conséquence de la situation actuelle au Venezuela. Aujourd’hui, près de 4 millions de Vénézuéliens sont déplacés à l’étranger, soit 5% du total des personnes forcées de fuir dans le monde.
Les déplacements forcés affectent en premier lieux les personnes qui fuient, le traumatisme de cette expérience les accompagne tout au long de leur vie. Mais les communautés hôtes sont aussi mises à l’épreuve afin de subvenir aux besoins de ces réfugiés ou déplacés internes. Ce poids est d’autant plus exacerbé par le fait qu’en 2020, 86% des personnes déplacées dans le monde ont trouvé refuge dans des pays en développement, où leurs perspectives d’une vie meilleure, de poursuite d’une éducation ou d’accès à l’emploi sont souvent faibles.
Le Haut-Commissaire du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a également souligné la nécessité pour les pays riches d’en faire plus pour adresser les causes de ces déplacements, et de ne pas sombrer dans des discours néfastes vis-à-vis des réfugiés :
La rhétorique que nous avons entendue de la part de nombreux gouvernements, selon laquelle les réfugiés et les migrants sont de mauvaises personnes et que la seule façon de s'occuper d'eux est de construire un mur ou de les repousser en mer, n'est pas seulement moralement abyssale et inacceptable, elle est aussi profondément inutile car, de toute façon, ces mouvements continueront tant que nous ne nous serons pas attaqués aux causes profondes. Nous avons donc non seulement un devoir moral, mais aussi une nécessité pratique de gérer cela correctement.
La situation mondiale de déplacements forcés se trouve à un point critique. Il est indispensable que les dirigeants politiques s’investissent davantage pour un monde pacifique, et contribuent à la recherche de solutions durables pour les personnes déplacées. Chacune et chacun peut également contribuer à inverser cette tendance en s’engageant aux côtés des réfugiés, déplacés internes, et apatrides, en aidant à porter la voix des 82,4 millions de déplacés, et en soutenant le HCR dans sa mission.
Lisez le rapport entier sur les tendances globales de 2020 ici.