mer 16/02/2022 - 18:00

La semaine passée s’est déroulé la 69ème édition du Students’ United Nations (SUN) au Centre International de Conférences de Genève (CICG) à l’occasion duquel plus de 300 élèves se sont retrouvés pour débattre durant 3 jours. Dans le cadre de son partenariat avec Switzerland for UNHCR, le comité du SUN a choisi le thème du déplacement forcé pour la traditionnelle résolution d’actualité. 

Le Students’ United Nations

Laetitia Colucci, Présidente du comité nous présente l'événement :

Le SUN est une simulation de l'Assemblée Générale de l'ONU pour les collégiens et gymnasiens, principalement de Genève et de Suisse romande, avec quelques classes venant de St-Gall et de l’Ecole Suisse à Rome. Créée sous forme d’association, nous existons depuis maintenant 69 ans.

Du strict respect de la procédure des débats, aux tenues arborées par les élèves devenus diplomates le temps de quelques jours, en passant par les joutes rhétoriques, la simulation semble identique à l’original. Cependant, ce que ce cadre éducatif et ludique permet aussi, c’est de débattre de l’actualité que vivent ces jeunes, et du futur qu’ils observent à l’horizon. Représenter son pays, certes, mais représenter une génération et faire valoir son opinion sur les thématiques qui la concernent aussi. Hovig Etyemezian, chef de l’Innovation du HCR qui a eu l’honneur de prononcer le discours d’ouverture de cette cette 69ème édition du SUN, nous explique :

Des débats éclairés et des engagements orientés vers l'action ont le potentiel d'aider à relever les défis de plaidoyer et de financement auxquels la réponse humanitaire est confrontée.
Pour le discours inaugural de la 69ème édition du SUN, Hovig Etyemezian a répondu aux questions des élèves. ©SwitzerlandforUNHCR
Pour le discours inaugural de la 69ème édition du SUN, Hovig Etyemezian a répondu aux questions des élèves. ©SwitzerlandforUNHCR

L’engagement des élèves sur place est aussi bien visible qu’audible, chaque délégation se manifestant par tous les moyens pour faire valoir sa position. Mais au milieu de cette marée de débats énergiques, c’est aussi la recherche et la proposition de solutions qui est au centre des efforts des participants. Tenter de convaincre, et accepter d’être convaincu est l’une des composantes de ces trois journées au CICG. Hovig Etyemezian explique :

L'idée du travail en équipe et de la pensée créative comme moyens pour résoudre des problèmes complexes correspond aussi bien à mon service qu’au SUN.

Ainsi, cette simulation de l’Assemblée Générale des Nations Unies peut être perçue comme un terreau de créativité tentant de faire face aux défis du monde. Un rassemblement passionné qui permet non seulement d’expliquer l’engagement, année après année des organisateurs, des collèges et des élèves, mais aussi de son importance dans son rôle de plateforme mise à disposition des jeunes pour imaginer le monde de demain.

Le déplacement forcé et le changement climatique 

Nicolas et Aleksandra, deux élèves du Collège Calvin à Genève représentant la délégation d’Albanie le temps du SUN, sont montés sur l’estrade le deuxième jour de débats pour défendre leur résolution d’actualité. Les résolutions d’actualité sont soumises dans le cadre d’une thématique en lien avec l’actualité, que le comité du SUN choisit en amont du rassemblement. Au vu du partenariat entre le SUN et Switzerland for UNHCR, c’est la thématique des déplacements forcés qui a été choisie cette année. Nicolas explique :

On s’est dit que ce serait important de parler des « réfugiés climatiques »- on est allés sur le site du HCR, et on a vu qu’il y avait beaucoup de choses sur le lien entre déplacement forcé et climat. Notre résolution propose donc d’offrir un statut de réfugié climatique à ceux qui sont le plus affectés.

L’écriture de la résolution, fin calcul entre style, données vérifiables, position du pays représenté, constitue un réel travail de recherche au cours duquel les élèves sont confrontés à de nouvelles informations, ou poussés à approfondir leurs connaissances. 

Nicolas et Aleksandra ont défendu leur résolution d'actualité devant plus de 300 élèves. ©SwitzerlandForUNHCR
Nicolas et Aleksandra ont défendu leur résolution d'actualité devant plus de 300 élèves. ©SwitzerlandForUNHCR

Aleksandra rajoute : 

Honnêtement, je pense qu’on a tous déjà entendu parler des thématiques du déplacement forcé, que ce soit à la radio, à la télévision, par des proches ou sur les réseaux sociaux. Mais le contact le plus important qu’on a eu a été un cours de géographie pendant lequel notre prof a pris le temps nécessaire pour nous expliquer les distinctions entre les différents statuts de déplacés, et le débat sur le déplacement dû aux conditions climatiques qui en ressort. Je pense que la plupart des gens de notre âge sont sensibles à ce débat, à la question climatique et à ses conséquences.

Au terme de cette 69ème édition du SUN, les deux élèves ont pu repartir satisfaits: leur résolution a été acceptée par une majorité de l’Assemblée.  
 
Depuis ces dernières années, les effets du réchauffement climatique se font ressentir toujours plus, et ce, surtout pour les personnes forcées de fuir. Parmi les régions les plus durement touchées par les effets du changement climatique, on compte aujourd’hui l’Afghanistan, le Bangladesh ou encore le Sahel. Alors même que des populations déplacées, déjà vulnérables, font maintenant face à un environnement toujours plus hostile, le spectre de voir des populations entières fuir leurs terres devenues inhabitables devient chaque jour un peu plus une réalité. D’où l’importance, souligne la Présidente du comité, d’avoir ce genre de débats aujourd’hui : 

Les déplacés internes et réfugiés que l'on pourrait qualifier de “réfugiés climatiques“ n'ont pas les mêmes droits que les réfugiés et n'ont d'ailleurs souvent aucun statut juridique, tant au niveau national qu'international. Les institutions internationales se penchent encore actuellement sur cette problématique mais n'ont pas forcément de réponse. Les élèves l'ont bien compris et ont tenté de fournir une solution pour combler les lacunes qui existent actuellement.
Marc Klinckmann, Secrétaire Général, et Laetitia Colucci, Présidente du comité exécutif du SUN. ©SwitzerlandForUNHCR
Marc Klinckmann, Secrétaire Général, et Laetitia Colucci, Présidente du comité exécutif du SUN. ©SwitzerlandForUNHCR

La question de la nécessité d’un statut des “réfugiés climatiques” avait précédemment été posée au Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés, Filippo Grandi

Je ne pense pas que nous ayons besoin d’un statut spécifique de réfugiés climatiques. Nous disposons déjà d’une Convention relatif au statut des réfugiés qui définit très bien ce que doit être la protection internationale en la matière. Il y a aussi d’autres instruments qui assurent la protection de gens en détresse et ils peuvent s’appliquer aux déplacements pour des raisons climatiques.

Les étudiants qui organisent des simulations de l'ONU dans le monde entier peuvent participer au défi annuel du HCR sur les réfugiés, qui implique chaque année 20 000 participants dans des débats sur les déplacements forcés.