Le Rapport 2022 du HCR sur l’éducation - Campagne pour l’éducation des réfugiés: Inclusion totale et pour tous, met en lumière le parcours de plus de 10 millions d'enfants dans le monde qui, en raison de la violence, des conflits ou des persécutions, ont été contraints de fuir leur pays. Après avoir traversé des situations mettant leur vie en danger et avoir finalement trouvé la sécurité, l'éducation devient difficilement accessible pour beaucoup d'entre eux.
Une fois que l'accès à l'éducation est perdu, il est difficile de le récupérer.
En voyageant à travers le monde pour constater l'impact des urgences humanitaires, le Haut Commissaire du HCR, Filippo Grandi, a été le témoin direct des défis auxquels sont confrontés des millions d'enfants. On peut dire que les jeunes réfugiés sont encore très loin d'une participation complète à leur droit à l'éducation.
J'ai rencontré de nombreux jeunes réfugiés qui allaient à l'école ou à l'université, acquérant de nouvelles connaissances et compétences, voyant des amis, révisant pour des examens - bref, préparant leur avenir. Il a suffi d'un jour, d'un moment où leur vie était en danger, pour que tout cela leur soit enlevé.
Ils ne manquent pas d'enthousiasme pour apprendre, ils ont des rêves et ont soif de connaissances. En effet, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir continuer à apprendre après le niveau secondaire. Ce qui pose problème, c'est l'insuffisance de l'accès aux infrastructures, aux enseignants qualifiés et aux fournitures scolaires. Pour garantir un système d'éducation approprié, il leur faudrait un cycle complet au sein d'un système d'éducation officiel et non quelques heures de cours dans un établissement temporaire.
Des données provenant de plus de 40 pays, tirées des opérations nationales du HCR et se rapportant à l'année scolaire 2020-2021, ainsi que les dernières données disponibles sur la scolarisation et les enfants et jeunes non scolarisés de l'Institut de statistique de l'UNESCO (ISU) ont permis de dépeindre la situation liée à l'éducation des réfugiés. Les enfants et les jeunes réfugiés sont en retard par rapport à leurs pairs non-réfugiés en ce qui concerne l'accès à une éducation de qualité.
Les taux bruts de scolarisation moyens au niveau primaire s'élevaient à 68 %, presque inchangés par rapport à l'année précédente. Pour l'enseignement secondaire, en revanche, le taux est nettement inférieur, à 37 %. Au niveau pré-primaire, le taux de scolarisation était de 42 %. Le taux d'inscription dans l'enseignement supérieur est passé à 6 %. Bien que ce taux soit bien inférieur aux niveaux mondiaux, en particulier dans les pays plus riches, il s'agit d'une amélioration considérable par rapport à ces dernières années, où le taux de scolarisation des réfugiés dans l'enseignement supérieur ne dépassait pas 1 %. Le HCR continue d'œuvrer en faveur de l'inscription de 15 % des jeunes réfugiés dans l'enseignement supérieur d'ici 2030 (l'objectif 15by30), avec le programme DAFI.
Malgré leurs difficultés d'accès à l'éducation, lorsqu'elle est facilitée, leurs résultats scolaires sont très performants. En effet, 74 % des élèves du primaire ont réussi les tests nationaux, tandis que les résultats pour le secondaire inférieur et supérieur étaient de 65 %. Cela étant dit, le nombre de réfugiés qui passent les tests nationaux est considérablement faible et ces chiffres proviennent d'un ensemble de quelques centaines d'étudiants ou moins à chaque fois. Au Cameroun par exemple, un taux de réussite de 74 % au niveau du premier cycle du secondaire est basé sur seulement 154 étudiants réfugiés passant les examens.
Construire des systèmes éducatifs plus inclusifs
La plupart des cours qui ont lieu dans les camps de réfugiés sont souvent surpeuplés, ce qui n'est pas optimal pour un enseignement efficace et rend la situation difficile pour les enfants en difficulté.
Au Burkina Faso, il y avait 40 élèves nationaux pour chaque enseignant, mais pour les réfugiés, ce rapport est passé à 60:1. Au Zimbabwe, le ratio pour les nationaux était de 36:1 mais pour les réfugiés, il était de 59:1.
Avec l'aide d'un soutien extérieur, les pays d'accueil pourraient résoudre le problème de la forte demande d'éducation et de l'insuffisance des capacités en encourageant l'inscription des élèves réfugiés dans leurs écoles locales, ce qui favoriserait un système éducatif plus inclusif. Ces élèves bénéficieraient d'enseignants certifiés par le système éducatif national du pays d'accueil, de matériel scolaire approprié et d'une infrastructure adaptée. On peut déjà l'observer au Mexique, par exemple, où un programme de protection et de solutions régionales globales (MIRPS) a été adopté afin de renforcer les écoles nationales et de favoriser l'inclusion dans les communautés accueillant des réfugiés. Une autre solution consiste à former les enseignants réfugiés au programme scolaire du pays d'accueil. Au Tchad, les enseignants réfugiés sont inclus dans les formations nationales des enseignants, les initiatives de coaching, et ont accès aux centres de formation. En 2022, par exemple, suite à un nouvel afflux de réfugiés en provenance du Cameroun, plus de 60 enseignants camerounais du primaire ont été formés au programme tchadien. Bien qu'il reste encore beaucoup d'efforts à faire, l'avenir semble prometteur - Un nombre croissant de pays prennent de grandes mesures, encourageant plus d'étudiants réfugiés à atteindre des études de niveau tertiaire, ce qui contribuera par conséquent à l'initiative 15by30.
De nombreuses histoires inspirantes
Il existe un grand nombre de jeunes réfugiés qui ont réussi, et Mary Maker en fait partie. Elle est un bon exemple de détermination et a surmonté tous les obstacles pour devenir une source d'inspiration pour les enfants réfugiés. Mary a fui le Soudan du Sud lorsqu'elle était enfant et a grandi dans le camp de réfugiés de Kakuma au Kenya. Pour son père, l'éducation a toujours été une priorité, il avait l'habitude de lui dire : " L'éducation est ton premier mari ". Elle a été inscrite dans un internat à l'extérieur de Kakuma, mais après le décès de son père, sa famille a manqué d'argent et ne pouvait plus payer son école. Elle était donc toujours sur la liste du directeur et était souvent escortée hors de l'école et renvoyée chez elle avec ses camarades ne pouvant payer les frais scolaires. Ce que Mary considérait comme la marche de la honte, était plus supportable que de devoir rester à la maison et de renoncer à son éducation. Pendant quatre ans, elle a fait le tour des écoles, suppliant les enseignants de lui permettre de repasser ses examens, une situation qui l'a finalement vouée à l'échec. Malgré toutes les difficultés, la persévérance a payé pour Mary lorsqu'en 2018, elle a postulé avec succès à un programme d'études au Rwanda avec une possibilité de bourse dans une université américaine. Aujourd'hui, elle étudie à l'université Olaf dans le Minnesota, et repense à son parcours avec émotion. Mary Maker est un soutien de premier plan du HCR ; elle a cofondé le projet éducatif Elimisha Kakuma pour les étudiants réfugiés et s'efforce de tirer d'autres jeunes en haut de l'échelle avec elle.
"L'éducation est l'arme la plus puissante que vous pouvez utiliser pour changer le monde".
Le champion de Formule 1 Sir Lewis Hamilton est également très attaché à cette cause et est fier de prêter sa voix à la campagne pour l'inclusion de l'éducation des enfants et des jeunes réfugiés.
Il a fondé The Hamilton Commission en partenariat avec la Royal Academy of Engineering. Il s'agit d'un projet de recherche qui a mis en lumière les défis de l'industrie du sport automobile, mais qui a également identifié plusieurs obstacles persistants au sein de l'éducation. Ayant lui-même connu des problèmes à l'école liés à ses origines, il a été surpris de constater que les mêmes problèmes affectent encore aujourd'hui l'accès et l'inclusion des jeunes marginalisés dans l'éducation. Le rapport a soulevé des questions sur l'équité et les possibilités offertes aux étudiants défavorisés. Il a également mis en évidence le manque de diversité et d'urgence à s'attaquer aux inégalités qui touchent ces étudiants.
La liste des obstacles est longue. Il n'y a pas seulement des questions pratiques comme le manque d'écoles, d'enseignants qualifiés, de matériel pédagogique ou d'ordinateurs. Les réfugiés sont également confrontés aux défis qui accompagnent le fait d'être déplacé - barrières linguistiques, séparation de leurs réseaux de soutien d'amis et de famille, absence prolongée de la salle de classe, discrimination et aliénation...
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