L’un des objectifs à l’origine de la création de la Fondation suisse pour le HCR, Switzerland for UNHCR, est de sensibiliser la population suisse en faveur des personnes déracinées. La Fondation fête maintenant sa première année d’existence, et même si le cœur n’est pas vraiment à célébrer, l’une des façons de marquer cette date est de lancer une série d’articles visant à mettre en avant les acteurs locaux qui s’engagent en faveur des réfugiés : Les Engagés. Pour notre deuxième article nous sommes partis à la rencontre des deux co-directrices de l’association Un Monde Meilleur.
L’association Un Monde Meilleur est née en 2019 du désir de familiariser les enfants et les jeunes, à travers l’art, aux objectifs de développement durable (ODD) ainsi que de mettre en avant les acteurs locaux qui s’engagent en faveur de ces derniers. Nous avons rencontré la fondatrice de l’association Valérie Martinez, ainsi qu’Isabelle Muller, avec qui elle partage le rôle de directrice.
Présentez-nous votre association :
Valérie: L’idée de cette association m’est venue en 2019. On est souvent submergés d’information dramatique venant des quatre coins du monde, notre association vise à montrer qu’il est possible d’agir, même à l’échelle locale, afin de rééquilibrer cette tendance. Il s’agit de donner des exemples concrets de personnes s’engageant près de chez soi pour les objectifs de développement durables, ceci permet de sortir la tête du sable, de se rendre compte de ce qui se fait autour de soi, et de donner une impulsion pour lancer un véritable élan de solidarité.
Isabelle: La manière par laquelle nous avons décidé de faire passer notre message est l’art. En effet, aujourd’hui ce sont les enfants, les jeunes générations, qui sont les plus fortement concernées par les objectifs du développement durable. Cependant, ces derniers peuvent parfois paraître abstraits ou un peu compliqués. L’art comme outil pédagogique permet de surpasser cet écart, et permet aux enfants de s’approprier les objectifs du développement durable de manière concrète et interactive.
Comment vous viennent les idées, et comment les transformez-vous en projets ?
Valérie: Nous sommes toutes les deux pleines d’idées. Ce qui est un défi, c’est trouver le temps de toutes les réaliser : aucune de nous deux n’arrive à se limiter !
Isabelle: Tout ce que nous faisons avec cette association, c’est en faveur des jeunes générations. Dans ce sens, à chaque fois qu’une opportunité pour les plus jeunes se présente, nous avons tendance à sauter dedans. Nous sommes à un stade de l’humanité où nous n’avons plus de temps à perdre. On ne peut pas discuter de projets comme ceux-ci durant 2 ans, il faut agir maintenant et efficacement.
Pourquoi vous engagez-vous ?
Valérie: Il s’agit vraiment d’une volonté de nous concentrer sur les solutions et de générer de la motivation parmi les jeunes, de montrer qu’il n’est pas trop tard et qu’en agissant ensemble on peut faire beaucoup de choses.
S’engager pour moi est une passion, d’une certaine façon, je me suis créé mon travail de rêve. C’est sûr que ce n’est pas tous les jours facile, mais mon engagement m’apparait comme une évidence : je serais triste de ne pas le faire.
Isabelle: Lorsque l’on prend conscience de ce que nous, l’humanité, sommes en train de traverser et de laisser à nos enfants, il y’a de quoi se sentir révoltée. Comment avons-nous fait pour avoir laissé tant de temps passer sans agir, et de nous retrouver ainsi dans l’urgence aujourd’hui ? Ce sentiment de frustration est cependant aussi le moteur qui m’anime à ne pas perdre trop de temps, surtout lorsque l’on travaille sur quelque chose qui a déjà été repoussé trop souvent.
En effet, Valérie et moi avons toutes les deux un travail à temps plein, et j’ai pour ma part des enfants desquels je dois aussi m’occuper. Mais c’est également pour eux que je m’engage : au-delà d’une mission, c’est une vision de la vie que je veux leur transmettre. Je veux prouver que l’engagement n’a pas de limites, que l’engagement par définition est toujours total. Évidemment, nous souhaiterions toutes deux nous investir plus dans l’association et dans cette optique, nous travaillons à libérer de l’espace pour être encore plus engagées.
Un souvenir de votre engagement en particulier qui vous a marqué ?
Isabelle: Il y’en a tellement ! Quand je pense aux retours d’enseignants et d’élèves sur les ateliers que nous avons menés avec Hani Abbas, un dessinateur de presse syrien et réfugié soutenu par la Freedom Cartoonist Foundation, il y a une telle prise de conscience qu’on est émerveillé de voir à quel point le changement est possible. Notre exposition de photographies qui représentent 17 personnalités genevoises œuvrant au quotidien pour l’un des 17 objectifs de développement durable sur le quai Gustave Ador était également un moment fort.
Valérie: Quand j’ai commencé, j’étais chez moi pendant 3 jours avec cette idée qui ne voulait pas partir, et en commençant à démarcher les gens autour de ce projet, on m’a dit « mais vous êtes toute seule, c’est énorme, ce sera difficile ». Au fond, ces commentaires ne m’ont pas du tout découragée. Quand on a une idée et qu’on y va à fond, qu’on croit en soi et que c’est pour le bien commun, il faut persévérer.
Quels seraient vos conseils pour quelqu’un qui souhaiterait s’engager ?
Valérie: Je suis réellement émerveillée de voir partout des personnes qui bouillonnent de motivation et d’énergie pour ce genre de projets. C’est assez merveilleux de voir toutes ces personnes qui agissent, qui s’engagent et de pouvoir se dire : « oui, c’est possible. Nous pouvons y arriver». C’est ça le message que l’on souhaite transmettre aux enfants en particulier: quand on a une idée très forte il faut se lancer, et se rappeler que tout est possible. C’est en poursuivant ses idées qu’on repousse les frontières du possible.
Quels sont vos prochains projets ?
Valérie: Un grand rêve commun que nous avons toutes les deux est de créer à Genève la Maison du Développement durable : une maison au centre de la ville, qui nous permettrait de créer des ateliers pour les enfants, où ceux-ci par la suite deviendraient les enseignants de ce qu’ils ont appris, comme la meilleure manière d’ancrer le savoir est de le partager. Ce projet travaillerait avec les écoles, les associations, les maisons de quartier – en bref toutes les institutions à but pédagogique.
Isabelle: Ceci encore une fois permettrait de transmettre les ODD de manière simple et ludique. Le but étant que les enfants puissent plus facilement comprendre de quoi il s’agit, et apprendre comment ils peuvent agir en partageant par exemple ces objectifs à la maison, ou avec leurs proches. En plus de cela, à Genève, une ville internationale où sont basées tant d’organisations internationales travaillant pour les ODD, une maison du développement durable semble une évidence. Il s’agirait de créer un espace pour familiariser les enfants avec un projet qui les entoure déjà.
Valérie: A plus court terme surtout, la sortie de notre première bande-dessinée est prévue pour ce mois-ci. Il s’agit d’une bande dessinée produite localement, par la plume de Pierre Wazem et Peggy Adam, imprimée et mise en page ici, à Genève. On relate dans celle-ci le parcours des 17 super-héroïnes et super-héros dont il était question à notre exposition sur le quai Gustave Ador. Chaque histoire aura son complément d’information sur l’objectif de développement durable lui correspondant.