Ces derniers mois, la situation humanitaire dans la République centrafricaine (RCA) s’est gravement détériorée. L’instabilité politique a mené à un renouveau de violences perpétuées par des groupes armés et comme bien trop souvent, c’est la population civile qui en subit les conséquences.
Depuis décembre 2020, plus de 100'000 réfugiés centrafricains sont allés chercher refuge dans les pays avoisinants. La majorité d’entre eux se sont rendus en République Démocratique du Congo (RDC), un pays lui-même en proie aux violences de groupes armées. Pendant la même période, 100'000 centrafricains supplémentaires ont aussi quitté leurs foyers en direction de la brousse, fuyant les villages qui sont souvent la cible des raids, devenant ainsi des déplacés internes. Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés a mis en place des campements pour subvenir aux besoins vitaux des déplacés internes en RCA, et des réfugiés ayant fui dans les pays voisins.
Cependant, le travail du HCR et de ses partenaires humanitaires sur place devient de plus en plus difficile. Ainsi, le mois de janvier a enregistré le plus d’incidents à l’encontre des humanitaires depuis le début de la crise ; 66 événements allant du vol de véhicules de service, au pillage des ressources à fins humanitaires, jusqu’aux menaces et aux attaques physiques sur le personnel. En décembre 2020, un travailleur humanitaire a même trouvé la mort, et cinq autres ont été grièvement blessés.
Le pays se trouve donc à la convergence de plusieurs éléments qui ne font qu’aggraver une situation déjà critique. Depuis le début des violences en République centrafricaine en 2013, le nombre de personnes déplacées a atteint aujourd’hui le chiffre de 1,5 millions, presque le tiers de la population totale du pays. Les besoins augmentent et le risque accru pour les travailleurs humanitaires font que l’accès aux différentes installations est rendu toujours plus difficile aussi bien pour les personnes forcées de fuir que pour celles essayant de les soutenir.
La situation humanitaire en République centrafricaine est aussi un enjeu pour toute la région. Au sud, la RDC accueille de nombreux réfugiés malgré sa propre situation fragile. A l’ouest, au Tchad et au Cameroun, ces deux voisins sont régulièrement victimes d’attaques de Boko Haram, une milice qui sévit dans toute la région. Et à l’est se trouve le Soudan du Sud, un pays dévasté par une longue guerre civile, qui en fait aujourd’hui la plus grande crise humanitaire du continent africain. La stabilité de toute la région se trouve donc encore plus ébranlée par les violences en République Centrafricaine.
Il est urgent d’agir pour éviter que la situation n’empire encore plus. Les besoins financiers pour répondre à la crise sont énormes. L’année passée, seuls 56% du montant nécessaire a pu être couvert. Cette année, en raison des besoins grandissants, ce taux risque d’être encore plus bas. Ne pas laisser la souffrance de milliers de centrafricains sombrer dans l’oubli est un objectif auquel chacun peut contribuer, spécialement dans un contexte où la médiatisation de cette crise n’est que faible, la République centrafricaine faisant partie des 10 crises humanitaires les plus négligées depuis 5 ans.