mer 26/10/2022 - 11:25

En 2022, le nombre de personnes déplacées a considérablement augmenté, principalement en raison du conflit en Ukraine. Heureusement, les personnes originaires d'Ukraine ont reçu un soutien sans précédent et ont été accueillies chaleureusement dans toute l'Europe. Cependant, toutes les personnes contraintes de fuir ne reçoivent pas le même soutien et la même solidarité, alors qu'elles devraient toutes bénéficier d'un accès égal à la sécurité et à la protection, à la possibilité de travailler, d'étudier et de voyager.   

Le rapport du Sous-financement 2022 se penche sur 12 pays qui font partie des opérations les plus importantes du HCR et où des décisions difficiles de priorité ont déjà été prises. Alors que dans certains pays, les communautés déplacées sont sur le point d'être confrontées à une interruption de l'approvisionnement alimentaire, dans d'autres, un financement supplémentaire permettrait de réduire leur dépendance vis-à-vis du HCR à l'avenir. 

Dans ce dernier article d'une série de trois, les pays que nous allons examiner de plus près sont le Soudan du Sud, le Soudan, l'Ouganda et le Yémen. Gravement sous-financés, ils ont suscité l'inquiétude du HCR car leurs conditions vont inévitablement se détériorer si aucune mesure n'est prise. Ces pays sont peut-être sous-financés, mais ils ne seront pas oubliés. 

9. Soudan du Sud - 2,5 millions de personnes déplacées de force et apatrides   

Avec plus de 2,3 millions de Soudanais du Sud réfugiés dans les pays voisins, la crise des réfugiés au Soudan du Sud reste la plus importante d'Afrique. Le Soudan du Sud compte 2,2 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays et accueille lui-même plus de 340'000 réfugiés, principalement originaires du Soudan, de la RDC et de l'Éthiopie. Non seulement la guerre civile a affecté le Soudan du Sud pendant la majeure partie de sa courte histoire, mais les effets du changement climatique et la grave pénurie alimentaire touchent également 60 % des 11 millions d'habitants. Les inondations provoquées par le changement climatique ont tué le bétail et perturbé les cycles de culture, obligeant les éleveurs à déplacer leurs animaux bien au-delà des itinéraires de transhumance. En outre, le Soudan du Sud connaît une hausse du prix des produits de base, une dévaluation de la monnaie locale et une flambée des prix alimentaires. Le sous-financement empêche le HCR de fournir l'aide humanitaire de base qui permet aux réfugiés de survivre, ainsi que l'éducation pour les réfugiés en âge scolaire, les médicaments et divers projets qui aideraient les personnes souhaitant rentrer chez elles. Sur les 213 millions de francs suisses nécessaires pour répondre à la crise, seuls 38% sont disponibles à ce jour.  

Domaines opérationnels en situation de risque critique :

Accès à la nourriture et aux produits essentiels, Logements et établissements durables, Protection à base communautaire.  

  

10.  Soudan - 4,1 millions de personnes déplacées de force et apatrides   

Le Soudan connaît des taux alarmants d'insécurité alimentaire en raison d'une incertitude politique, de mauvaises perspectives économiques et de conditions de vie difficiles. L'inflation a grimpé en flèche en 2020 et reste très élevée, ce qui a mis à rude épreuve le peuple en général et a eu un impact disproportionné sur la population déplacée de force, en particulier celle qui se trouve déjà dans une situation économique précaire. L'insécurité et les déplacements ont augmenté dans tout le pays, et les explosions de violence intercommunautaire ont mis une grande pression sur les agences humanitaires pour aider non seulement les déplacés internes mais aussi leurs communautés d'accueil. Le financement reste essentiel pour que le HCR puisse fournir des programmes de protection adéquats, tels que la violence fondée sur le genre, les services de protection de l'enfance dans tout le pays ainsi que les abris, l'éducation, l'eau et l'assainissement. Sur les 346 millions de francs suisses nécessaires pour répondre à la crise, seuls 34% sont disponibles à ce jour.  

Domaines opérationnels à risque:

Logement et établissements durables, Intégration locale, Engagement communautaire et autonomisation des femmes.  

11. Ouganda - 1,6 million de personnes déplacées de force et apatrides   

Le plus grand pays d'Afrique accueillant des réfugiés, l'Ouganda, accueille plus de 1,5 million de réfugiés dans des installations, où ils disposent de parcelles de terrain pour se loger et cultiver et fréquentent les mêmes centres de santé et écoles que les membres de la communauté d'accueil. Le pays est un leader dans son approche de la coexistence pacifique. Cependant, la réponse aux réfugiés est toujours gravement sous-financée, ce qui limite la capacité du HCR à fournir des services de protection essentiels, une assistance humanitaire de base et des solutions durables. Le HCR a été obligé de réduire son assistance humanitaire sur certains points depuis juillet 2022 comme l'achat de savon et de kits d'hygiène. Ceux-ci sont cruciaux pour les femmes et les adolescentes car l'accès à des protections hygiéniques diminue le risque d'infections et de stress psychologique, favorisant ainsi leur accès à l'éducation et aux opportunités d'emploi. Si aucun financement supplémentaire n'est reçu, d'autres réductions opérationnelles sont également attendues et pourraient être désastreuses. Sur les 341 millions de francs suisses nécessaires pour répondre à la crise, seuls 38% sont disponibles à ce jour.  

Domaines opérationnels à risque:

Santé, Education, Autonomie, Inclusion économique et Moyens de subsistance.  

12.  Yémen - 4,4 millions de personnes déplacées de force et apatrides    

Le pays est gravement touché par la guerre depuis 2015 et est déjà l'économie la plus faible de la région. Ces circonstances ont créé une vaste crise humanitaire avec deux tiers de la population dépendant de l'aide humanitaire et 7,3 millions de personnes qui devraient être en situation de faim extrême d'ici la fin de 2022. L'opération du HCR au Yémen est maintenant presque deux fois plus sous-financée qu'il y a un an. Si les fonds ne sont pas reçus de toute urgence, les conditions des 70% des 540'000 déplacés Yéménites qui ont besoin d'une aide en espèces pour couvrir leurs besoins essentiels vont indéniablement se détériorer. Les réfugiés consacrent la majeure partie de l'aide en espèces du HCR à l'achat de nourriture. Un manque de financement les enfoncera davantage dans la pauvreté et augmentera le risque de famine et de stratégies de survie néfastes telles que le travail des enfants et la mendicité. Sur les 289 millions de francs suisses nécessaires pour répondre à la crise, seuls 36% sont disponibles à ce jour.  

Domaines opérationels à risque:

Soutien opérationnel, Logement et établissements durables, Bien-être et besoins fondamentaux.