Retour sur Paris 2024 : Des jeux historiques pour l'équipe olympique des réfugiés

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont été remarquables, mettant notamment en lumière les incroyables réalisations de l'équipe olympique des réfugiés, avec 37 athlètes concourant dans 12 sports différents. Les Jeux de cette année ont également marqué une étape historique puisque l'équipe a remporté sa toute première médaille. Examinons de plus près quelques-uns des moments les plus marquants de ces jeux à Paris 2024.

La formation de l'équipe olympique de réfugiés remonte à 2015, lorsque le Comité international olympique (CIO) a créé un fonds d'urgence pour les personnes réfugiées. Cette initiative visait à les intégrer dans le sport et à leur donner la possibilité de participer aux Jeux Olympiques. La création de l'équipe était une réponse à la crise mondiale qui a vu 65 millions de personnes forcées de fuir leur foyer en 2015 en raison d'un conflit ou d'une catastrophe naturelle. Aujourd'hui, avec 120 millions de personnes déplacées dans le monde, l'équipe olympique des réfugiés est une lueur d'espoir pour les personnes réfugiés du monde entier. Cette année, l'équipe est composée de 37 athlètes représentant 11 pays. Elle participe aux Jeux Olympiques pour la troisième fois, après Rio de Janeiro en 2016 et Tokyo en 2020.

Masomah Ali Zada, que nous avons interviewée il y a deux ans en tant que marraine du Triathlon de Genève, est née en Afghanistan dans une communauté conservatrice où l'on décourageait les filles à faire du vélo. Malgré ces difficultés, elle a persévéré et a fini par devenir membre de l'équipe nationale afghane de cyclisme féminin. En 2017, elle est devenue réfugiée et a demandé l'asile en France. Peu après, elle a reçu une bourse d'études du CIO pour les athlètes réfugiés, ce qui l'a rapprochée de son rêve: participer aux Jeux Olympiques. En tant que Cheffe de mission, Masomah a joué le rôle de figure de proue et de porte-parole de cette équipe unique. Elle a veillé à ce que les intérêts de l'équipe soient préservés et a utilisé la plateforme olympique pour mettre en lumière le pouvoir du sport dans la création de communautés inclusives pour les personnes forcées de fuir.

Cindy Ngamba est entrée dans l'histoire en devenant la première athlète réfugiée à remporter une médaille olympique. En compétition dans la catégorie de boxe 75 kg aux Jeux de Paris, Cindy a réalisé une performance historique, s'assurant une place en demi-finale en battant la Française Davina Michel. Bien qu'elle se soit inclinée en demi-finale face à Alheyn du Panama, l'exploit de Cindy, première médaillée de l'équipe olympique des réfugiés, est révolutionnaire. Originaire du Cameroun, où les relations homosexuelles sont illégales, Cindy s'est réfugiée au Royaume-Uni où elle vit depuis plus de dix ans. Sa réussite marque une étape importante, tant sur le plan personnel que pour l'équipe olympique des réfugiés.

Masomah a exprimé sa fierté après le match : « Nous sommes incroyablement fiers de Cindy. Depuis qu'elle a rejoint notre équipe, elle nous a représentés avec grâce et charisme. Elle restera à jamais dans les mémoires comme la première athlète de l'équipe olympique de réfugiés à remporter une médaille olympique, un exploit historique. » La Cheffe de mission de l'équipe des réfugiés, Masomah, a déclaré à BCC sport : « Elle a montré au monde ce que les personnes réfugiées peuvent accomplir, en inspirant une population de plus de 120 millions de personnes et en mettant en lumière nos histoires et nos parcours. Nous lui en sommes éternellement reconnaissants ».

Luna Solomon a participé à ses deuxièmes Jeux Olympiques cette année. Elle nous a fait part de ses impressions avant le début des Jeux. La tireuse de 30 ans, qui est arrivée en Suisse en 2015 après avoir fui l'Érythrée, s'est classée 43e dans l'épreuve féminine de la carabine à air comprimé à 10 m le dimanche 28 juillet. Bien que Luna n'ait pas accédé à la finale, son parcours depuis la fuite de son pays d'origine jusqu'à la compétition sur la scène mondiale est un témoignage remarquable de sa persévérance.

Dominic Lobalu, qui réside en Suisse, est passé à quelques secondes d'une place sur le podium lors de la finale du 5 000 mètres masculin, samedi 10 août. Le jeune homme de 25 ans a déjà franchi des étapes importantes, notamment l'or au 10 000 mètres et le bronze au 5 000 mètres aux Championnats d'Europe. Ces succès lui ont valu une place dans l'équipe olympique des réfugiés. Après s'être classé 34e lors de sa première course le 7 août avec un temps de 14:15.49, Dominic a réalisé une performance impressionnante samedi, terminant juste à côté du podium, à la quatrième place. À l'approche de la ligne d'arrivée, Dominic s'est brièvement hissé en troisième position, mais c'est Grant Fisher, des États-Unis, qui s'est emparé de la médaille de bronze avec un temps de 13:15.13. Dominic a franchi la ligne d'arrivée en 13:15.27, s'assurant ainsi la quatrième place. Bien qu'il n'ait pas obtenu de médaille, Dominic a suscité l'admiration générale pour sa détermination et son dynamisme.

« C'est ce dont je rêvais », a déclaré Dominic à Sky Sports. « Mon objectif était de participer un jour aux Jeux Olympiques. Maintenant que j'y suis parvenu, je suis tellement heureux ».

Le coureur Musa Suliman, basé en Suisse et né au Soudan, a participé à sa deuxième course aux Jeux Olympiques de Paris 2024 le jeudi 8 août. Participant au repêchage du 800m masculin, il a terminé huitième de sa série avec un temps de 1:50.11, ce qui n'a malheureusement pas été suffisant pour se qualifier pour les demi-finales. Le parcours de Musa a été remarquable. Après avoir fui le Soudan déchiré par la guerre et trouvé refuge en Égypte, il s'est installé avec sa famille à Berne en 2021. Musa a d'abord rejoint un club de football, mais c'est la course à pied qui est devenue sa passion. Malgré les difficultés rencontrées pendant son adolescence pour subvenir aux besoins de sa famille, il a trouvé dans l'athlétisme un nouveau sens à sa vie. Il nous a raconté son histoire et l'importance du sport pour lui avant les Jeux. « C'est en courant que je me suis retrouvé », a déclaré Musa à l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).

« Le sport m'aide à surmonter les difficultés. Grâce à lui, je peux m'intégrer plus facilement, apprendre l'allemand et rencontrer des gens. »

Tadesse Abraham, originaire d'Érythrée, a développé une passion pour la course à pied après avoir parcouru jusqu'à 20 kilomètres par jour pour se rendre à l'école. En 2004, il est arrivé en Suisse en tant que réfugié et a utilisé le sport pour faciliter son intégration. Sa carrière de coureur a décollé et l'a amené à représenter la Suisse aux Jeux Olympiques de Paris. Nous avons eu la chance de l'interviewer il y a quelques mois pour en savoir plus sur son parcours et sur ce qu'il a à dire aux réfugiés et à la population suisse. Tadesse a récemment participé à sa dernière course olympique, terminant à la 38e place. Il a réalisé son rêve de participer aux Jeux Olympiques ; il s'agissait de ses troisièmes et derniers Jeux. Cependant, Paris n'était pas son dernier marathon - il prévoit de courir à Valence le 1er décembre. Aujourd'hui, Tadesse souhaite passer plus de temps avec sa famille, en particulier avec son fils, tout en prenant un peu de recul par rapport à son entraînement intensif.

Après quelques semaines mouvementées et des réalisations impressionnates de l'équipe olympique des réfugiés 2024, Switzerland for UNHCR félicite tous les athlètes pour leurs performances remarquables et exprime sa gratitude au CIO, aux supporters et aux partenaires qui ont encouragé l'équipe.

« Le sport est un outil puissant qui protège et guérit. Ces athlètes réfugiés ont surmonté d'immenses défis, et leur succès rappelle au monde ce qui peut être accompli lorsque les personnes réfugiées ont la possibilité de poursuivre leurs rêves. » - Kelly Clements, Haut Commissaire adjointe du HCR.

L'attention se porte désormais sur l'équipe paralympique des réfugiés, qui comprend huit athlètes et un coureur-guide, et qui vise à obtenir d'autres médailles lors des Jeux Paralympiques qui débuteront le 28 août.