Rencontre avec JP Kalonji, l'un des trois auteurs
Jean-Philippe Kalonji est un peintre, illustrateur et auteur de bande dessinée né à Genève. Après avoir beaucoup voyagé et vécu notamment à New-York, Londres et Tokyo, c'est en Suisse à Carouge qu’il s’est installé avec sa compagne, leur fille, et leurs deux chats.
Kalonji est un artiste engagé qui au cours de sa carrière, a eu l’occasion de travailler en étroite collaboration avec des organisations telles que l'UNESCO, le Comité des Jeux Olympiques de Londres ou l’ONG ICAN, gagnante du prix Nobel de la paix en 2017. Il collabore activement avec Civitas Maxima, et vient d’illustrer le procès contre crimes de guerre au Libéria à la Cour d’appel de Paris. Il a également produit une collection de crayons en partenariat avec l’emblématique maison genevoise Caran d’Ache.
Récemment, Kalonji a rédigé et illustré une bande dessinée parlant d’un sujet qui nous tient à cœur, les réfugiés mineurs non-accompagnés. Créée en collaboration avec Fabian Menor et Yrgane Ramon “Seuls en exil” est une œuvre bouleversante qui relate et nous immerge dans la vie de trois réfugiés mineurs non-accompagnés, qui après avoir parcouru des milliers de kilomètres, essayent tant bien que mal de s’intégrer à Genève. A l’occasion de la sortie officielle du livre, le 13 octobre 2022, nous avons rencontré Kalonji afin d’en savoir davantage sur le processus de création et l’importance de traiter de cette thématique.
JP Kalonji, qui êtes-vous ?
Je suis un artiste peintre, auteur, illustrateur de bande dessinée depuis une trentaine d'années. Je vis à Carouge, à Genève et je travaille avec différentes institutions, notamment le musée d'art et d'histoire la ville de Genève, Civitas Maxima, dont je suis artiste consultant et l'ONG ICAN, qui s'occupe de la non-prolifération des armes nucléaires.
Vous êtes l’un des artistes derrière ‘’Seuls en exil’’, de quoi parle cette bande dessinée ?
Le livre traite de trois jeunes mineurs non-accompagnés qui sont arrivés en 2015. A travers les pages, nous suivons entre autres leur parcours à Genève.
D’où vous est venue l’idée de traiter de ce sujet ?
L’idée de traiter de ce sujet ne vient pas de moi directement, elle vient de Christel Moretto qui travaille à FASe (Fondation genevoise pour l’animation socioculturelle) et qui m’a contactée pour me présenter un projet de bande dessinée. A partir de là j’ai décidé de ne pas raconter les histoires moi-même mais de les partager avec deux autres auteurs: Yrgane Ramon et Fabian Menor.
Comment avez-vous approché ce processus de rédaction conjoint avec les protagonistes du livre ?
Le processus n’a pas été facile car ce sont des histoires de vie où l’on peut se projeter, et c’est d’ailleurs l’idée du livre: de se mettre à la place de ces jeunes qui ont vécu certains parcours de vie et qui le vivent d’ailleurs encore en ce moment, même tous les jours sur la planète. C’est se dire: il se passe ceci, comment est-ce que je vais réussir à le mettre en images ? Le processus est long et difficile, mais pas impossible parce qu’en tant qu’auteur de BD je connais les outils, mais cela inclut des rencontres, des notes, beaucoup de croquis, des aller-retours et des interviews. C’est pour ça que j’aime beaucoup ce média, la bande dessinée, car j’apprends énormément. Non seulement sur la thématique, mais aussi sur mon métier, et c’est ce qui me fait grandir.
Les mineurs réfugiés non accompagnés, un sujet tabou dans la société Suisse ?
Je ne pense pas que ce soit un sujet tabou, par contre je crois que c'est un sujet qui peut être encore beaucoup plus débattu. On ne s’en rend pas compte, mais avec le nombre d'informations qu'il y a constamment, c'est assez difficile pour la population de comprendre la situation. Pour moi-même, cela a été un sujet dont je ne maîtrisais peut être pas forcément tous les codes. C'est justement le but du livre, d’ouvrir les débats. Il est important de pouvoir en parler et de considérer que ces jeunes qui traversent l'Europe et arrivent chez nous, sont avant tout des jeunes avant d'être seulement considérés comme des migrants ou des réfugiés. Le sujet est évidemment très vaste, mais pas tabou.
La BD, une manière de sensibiliser autrement ?
La bande dessinée c’est une manière de sensibiliser non seulement autrement, mais c’est un très bon pont pour pouvoir aborder cette thématique. Je trouve que le neuvième art (BD) en général, est un outil parfait pour aborder ces thématiques dont on ne parle pas assez.
Que peut faire la population Suisse pour aider les réfugiés, en particulier les jeunes ?
Je pense que ça passe avant tout par le fait de s'éduquer, de s’intéresser. Nous faisons tous partie de ce monde et nous en sommes tous citoyens. La Suisse et Genève a une grande notoriété en termes d'aide et de droits de l'homme. Nous avons toutes les grandes instances des nations qui sont à Genève, notamment les institutions, donc je pense que pour la population Genevoise ou Suisse, se renseigner est quelque chose qui est facilement faisable plutôt que de demeurer juste des acteurs passifs.
Avez-vous un mot pour la fin ?
Gardez de l'espoir dans tout ce que vous faites, croyez en vos rêves et à très bientôt j’espère.