Partout dans le monde, les mères sont trop souvent les héroïnes oubliées de leurs communautés. Tout en s'occupant de leurs enfants et de leurs familles, elles portent de nombreuses casquettes : médecins, cuisinières, ingénieures, et plus encore, assurant ainsi la subsistance de leurs foyers. Elles sont les piliers de leurs communautés, les moteurs de la paix et les catalyseurs du changement. Les mères qui ont dû fuir leur foyer ne font pas exception à la règle.
En cette journée de la fête des mères, rendons hommage à leur courage, leur résilience et leur force.

De déplacée à bâtisseuse : Francine, mère et artisan de paix
Après avoir été forcée de fuir sa ville natale de Baoro en République centrafricaine en 2014, Francine a trouvé refuge à Bouar, la capitale de la préfecture de Nana-Mambéré. Cinq longues années plus tard, elle a enfin pu rentrer, seulement pour découvrir que ses moyens de subsistance et sa maison avaient été détruits. Elle s’est mise à cultiver la terre pour survivre et subvenir aux besoins de ses cinq enfants, mais elle n'a jamais abandonné ni perdu l'espoir d'un avenir meilleur.
Aujourd'hui, elle reconstruit cet avenir : une brique à la fois. Grâce à un projet de développement financé par le HCR, Francine a reçu une formation de maçon. De la réhabilitation des infrastructures publiques endommagées par le conflit à la construction d'abris durables pour les personnes déplacées et les rapatriés, elle aide à reconstruire sa ville natale pour en faire un havre de paix pour ses enfants.
« J'aide à la maçonnerie. Je transporte également des briques cuites pour la construction. Chaque jour, nous commençons à 8 heures. C'est l'occasion pour moi de répondre aux besoins essentiels de ma famille », explique-t-elle.
Francine aide également d'autres femmes à acquérir une indépendance financière pour qu’elles puissent contribuer à la paix à Baoro.
« Tous ensemble, soutenons ce projet et offrons un meilleur avenir à nos enfants », conclut-elle.
Aujourd'hui, 680'000 réfugiés de la République centrafricaine sont toujours déplacés dans les pays voisins et plus de 440'000 sont déplacés à l'intérieur du pays.

Une mère afghane face à la précarité : la lutte quotidienne d’Akhtar
Ayant enduré des épreuves inimaginables, Akhtar témoigne de la résilience des mères et de ce qu'elles sont prêtes à faire pour subvenir aux besoins de leurs enfants. Originaires de la province de Faryab en Afghanistan, près de la frontière avec le Turkménistan, Akhtar et sa famille ont été déplacées à de multiples reprises. Vivant à Herat depuis sept ans, ils font face à des conditions de vie extrêmement difficiles.
Seule adulte du foyer, Akhtar ne peut compter que sur elle-même pour s'occuper de ses deux filles et de son fils atteint de paralysie. Depuis des années, elle affronte chaque jour avec courage, faisant tout ce qu'elle peut pour que ses enfants restent en vie et gardent espoir.
Le HCR soutient des familles comme celle d'Akhtar, qui sont confrontées aux défis cumulés de la pauvreté et du déplacement.
Plus de 5 millions de réfugiés afghans vivent dans les pays voisins, principalement en Iran et au Pakistan. 3,2 millions sont également déplacés à l'intérieur de l'Afghanistan.

Veronika : traverser un pays en guerre pour sauver sa fille
Après avoir donné naissance à sa fille Kira, Veronika ne pouvait plus supporter l'idée d'élever un enfant dans une zone de guerre. Cette mère de 24 ans, originaire de la région de Dnipropetrovsk en Ukraine, a décidé de chercher un endroit sûr, même sans l'aide de sa famille.
« Kira avait alors quatre mois et demi. Je l'ai mise dans un porte-bébé en écharpe et je l'ai portée à travers toute l'Ukraine, en bus et en train. Bébé, poussette, sac à dos, j'étais chargée de bagages », se souvient-elle.
Aujourd'hui installée à Budapest, Veronika bénéficie du soutien d'un centre pour mères célibataires ayant de jeunes enfants. Au-delà de l'essentiel, c'est la communauté – la possibilité de parler avec d'autres mères et de partager des histoires – qu'elle apprécie le plus.
Plus de 6,9 millions de personnes ont fui l'Ukraine à la suite de l'invasion de 2022. La Hongrie et les pays voisins continuent d'en accueillir un grand nombre, tandis que 4 millions de personnes restent déplacées à l'intérieur de l'Ukraine.

Du Venezuela à l'Équateur : Ilzaoli redonne une enfance à son fils
Face à la montée de la violence au Venezuela, Ilzaoli n'a eu d'autre choix que de fuir avec son enfant, Gabriel, à la recherche d'un avenir plus sûr. Après des jours de marche, ils ont atteint Otavalo, en Équateur. Épuisée et affamée, Ilzaoli était ravie de pouvoir inscrire Gabriel à l'école et de lui offrir un endroit sûr, des amis et un avenir où il n’a plus besoin d’avoir peur.
« Au début, Gabriel ne parlait pas beaucoup. Au Venezuela, nous avons toujours dû isoler nos enfants à cause de la violence et de l'insécurité, alors ici, ils avaient peur de parler, de sortir. Aujourd'hui, ils discutent avec leurs amis et sont intégrés. »
L'Équateur accueille l'une des plus importantes populations de réfugiés d'Amérique latine, avec plus d'un demi-million de réfugiés et de migrants vénézuéliens. Environ 40 % d'entre eux sont des enfants, ce qui rend l'accès à l'éducation essentiel à leur intégration et à leur protection.

De la fuite à la solidarité : Fatimah, une mère au grand cœur
Fatimah est une mère pour bien plus que son fils de six ans. Il y a dix ans, elle a fui le Myanmar pour trouver la sécurité en Malaisie. Là, elle a accueilli Halidah, une jeune fille rohingya séparée de sa famille, et est devenue sa mère adoptive.
Partageant aujourd'hui un modeste appartement dans la banlieue de Kuala Lumpur, Fatimah jongle entre son rôle parental, les tâches ménagères et ses multiples emplois. Pourtant, elle trouve encore le temps de soutenir les autres membres de sa communauté. En tant que bénévole, elle aide ses compatriotes réfugiés pour la traduction, les visites à l'hôpital et les démarches administratives, répondant souvent à des appels à l'aide lancés par l'intermédiaire d'un groupe WhatsApp de Rohingyas.
1,4 million de personnes – pour la plupart des Rohingyas – ont fui le Myanmar. Près d'un million d'entre elles se trouvent à Cox's Bazar, au Bangladesh, l'un des plus grands camps de réfugiés au monde. Plus de 150'000 personnes ont trouvé refuge en Malaisie, tandis qu'on estime à 3,5 millions le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays.
Soutenir les mères réfugiées
Les histoires comme celles de Francine, Akhtar, Veronika, Ilzaoli et Fatimah ne représentent que quelques-unes des millions de courageuses mères réfugiées. Si nous célébrons aujourd'hui leur force, leur amour et leur résilience, c'est aussi un jour de réflexion : nous pouvons et devons faire plus pour les soutenir. Dans nos communautés, dans nos maisons et partout où elles ont été forcées de fuir.
Les mères portent le poids de la crise. Elles méritent d'être reconnues – pas seulement aujourd'hui, mais tous les jours.
Vous aussi, vous pouvez aider. Soutenez le HCR en soutenant les femmes et les mères réfugiées.
Les mères réfugiées sont confrontées à des défis complexes. En plus des difficultés rencontrées par toutes les personnes déplacées (telles que la perte de leur maison, de leur revenu et de leur sécurité), elles sont souvent les seules responsables de leur foyer. Cela accroît leur vulnérabilité aux violences sexuelles et sexistes, à l'exploitation et à la traite des êtres humains.
Le HCR adapte sa réponse aux besoins spécifiques des femmes et des mères réfugiées. Il s'agit notamment de fournir des infrastructures et des services sûrs et adaptés aux mères et aux enfants, et d'offrir un soutien ciblé aux personnes ayant des besoins spécifiques (PSN), comme Akhtar et sa famille, qui sont confrontées à une vulnérabilité extrême.
Oui. Contrairement aux idées reçues, la majorité des personnes déplacées de force sont des femmes et des enfants. Par conséquent, il y a une forte proportion de mères, souvent seules, qui s'efforcent de subvenir aux besoins de leur famille et de reconstruire leur vie.